Cette photo représente exactement ce
pourquoi j’ai lancé mon blogue il y a 7 ans. D’une part, le rouge à lèvres
rouge flash que je porte sur la photo symbolise une volonté de repousser mes limites
au niveau de mon apparence. En effet, j’ai passé une bonne partie de mon adolescence
à me remettre en doutes et donc, je voulais me pousser à assumer mes goûts
vestimentaires, oser et me foutre du regard des autres. D’autre part, je
voulais me bâtir une tribune où je pourrais échanger sur la mode, partager des
découvertes via des photos (comme celle-ci!), et qui sait, peut-être en
inspirer quelques unes au passage. Ce qui n’est évidemment pas représenter sur
la photo est que j’avais le goût d’écrire librement sur un sujet léger, sans
barrière en inventant même des mots ou des expressions en cours de route si ça
me plaisait! Je voulais partager mon opinion avec transparence et authenticité.
Puis, est arrivé l’intérêt pour la mode fait au Québec. Je suis vraiment fière
d’avoir fait quelques « passes sur la palette » à des designers d’ici
qui méritaient que leur travail circule sur les internets. Bref, au bout de ces
années, je peux dire mission accomplie. Alors pourquoi laisser tout ça me
direz-vous? D’abord, parce que ce n’est plus ce que c’était…
Un monde en pleine mutation
Depuis environ 2 ans je dirais, les
médias sociaux sont en plein essor. Par le fait même, le monde du blogue a
prend de l’expansion. Pour vous donner une ptite idée, lorsque j’ai lancé le
blogue, nous étions 4 principaux blogueurs dans la ville de Québec. Aujourd’hui,
on en retrouve des dizaines et des dizaines. Aux blogueurs traditionnels (ceux
qui écrivent) se sont greffés les Youtubeurs (ceux qui produisent des capsules
vidéos) et les instagrammeurs (ceux qui utilise instagram comme plate-forme
principalement). Pourquoi cette augmentation soudaine du nombre d’acteurs dans
le domaine? Et bien disons simplement que les entreprises ont compris que les
blogueurs avaient un important pouvoir d’influencer les gens et que c’était en
quelque sorte devenu LE moyen de faire de la publicité. Si bien que de l’autre
côté, les gens se sont mis à vouloir prendre part à cette industrie (oui, oui,
je la nomme ainsi!) en offrant de la visibilité aux entreprises en échange de
produits, de privilèges ou même de sous!
Qui dit augmentation de la masse de
blogueurs/youtubeurs/instagrammeurs, dit également une diversification du
contenu présenté. Si bien qu’actuellement, le monde du blogue ressemble selon
moi à une jungle où se côtoient les blogueurs sérieux, cohérents, organisés,
structurés qui offrent un contenu léché de qualité et les blogueurs qui misent
sur un contenu banal/anodin sans porter attention au format dans lequel il est
livré. On pourrait croire que cette dernière catégorie attire moins les foules,
mais il en est tout autre! Les gens aiment voir du contenu brut! L’humain est voyeur!
Je ne vous apprends rien.
Une nouvelle espèce est née : le
blogueur-entrepreneur
La résultante en est simple : les
blogueurs sont en quelques sortes devenus des entrepreneurs. Ils vendent de la
visibilité et de la publicité. Et là, résident plusieurs problèmes et
questionnements. D’abord, imaginez que vous êtes une entreprise qui vient de
lancer son tout nouveau produit hyper tendance. Vous voulez faire affaires avec
un blogueurs pour qu’ils le diffusent sur ses médias sociaux. Quel est le prix
d’un tel service? Comment serez-vous assurez que votre produit sera diffusé?
Comment vous y prendrez-vous pour savoir si cette collaboration aura la portée
attendue? En nombre de nouveaux likes obtenus sur vos réseaux? En nombre d’interactions?
En nombre de ventes? Pas facile de déterminer si la dépense en valait la peine.
Du côté des blogueurs, ce n’est guère
mieux délimité. Pour être en contact avec des blogueuses ambitieuses qui
souhaitent vivre de leur entreprise, je peux vous dire que c’est une véritable
casse-tête. Combien demander pour un post? Combien demandent les autres
blogueurs? On en sait rien puisqu’il n’y a aucun paramètre qui défini ce
domaine. C’est un fait : aucune formation ne mène au métier de blogueur! La
réalité est qu’un blogueur s’improvise d’abord blogueur puis apprend « sur
le tas ». Loin de moi l’idée de diminuer le travail qu’ils font! En effet,
en dépit d’une absence de diplôme précis, les blogueurs sont à la fois appelés
à emprunter des compétences au domaine du marketing, des communications, du
journalisme, tout en développant leurs habiletés de photographe, styliste,
graphisme, et j’en oublie sûrement! Le fait est que l’absence de formation
vient avec une difficulté à bien définir leurs champs d’expertise et de le
faire reconnaître par autrui.
En bref, les prochaines années
représenteront un défi de taille pour les blogueurs. Ceux-ci devront oser faire
reconnaître leur valeur en demandant des sous en échange de leurs services tout
en recherchant des contrats qui
respectent l’idéologie de leur plate-forme. Pas si simple quand on pense que la
force de base des blogueurs est de donner leur opinion avec transparence! Donc,
les blogueurs se devront de trouver l’équilibre entre le fait d’obtenir un
revenu d’entreprise tout en demeurant cohérents avec leur image de marque en ne
sautant sur le premier contrat payant qui se présente.
Et moi dans tout ça?
Perso, depuis plusieurs mois, je
regarde tout ceci se dérouler et j’ai un certain malaise. J’ai le syndrome de
l’imposteur. D’une part, je me suis toujours dit que mon blogue serait une
façon de me divertir sans me prendre au sérieux. D’autre part, j’observe les
changements et je me dis que la « game » a bien changé et que c’est
devenu une sorte de business dans laquelle je me reconnais beaucoup moins.
Je ne suis plus certaine de vouloir
participer à ça. J’ai toujours voulu être une «inspireuse», mais voilà qu’on me
met dans le bassin des «influenceurs». Je ne veux pas influencer, je veux
peut-être, si ça adonne que le contenu que je propose te plaise, t’inspirer. Parce
qu’influencer c’est direct, c’est trop gros pour ma petite personne (j’ai déjà
bien d’autres stresseurs dans ma vie!) et ça vient avec une certaine pression.
La pression d’être toujours à l’affut des tendances dans tous les domaines, de
participer à des évènements, d’être bien vêtue, de dépenser des sous dans des
trucs juste parce que c’est en vogue. Sans parler du besoin de reconnaissance,
d’approbation et de la recherche du perfectionnisme que ça engendre à un moment
ou à un autre.
Tout ça pour dire que je me suis posé
une tonne de questions dans les derniers mois. J’ai réalisé que le monde du blogue
ne me convenait plus. Je veux continuer de partager des photos de mes looks si je suis fière de mon
agencement de vêtements de cette journée là. Je veux continuer de faire des « shout-out »
bien senti à des designers d’ici ou des entreprises dans le monde de la mode et
de la beauté qui me rejoignent de par leurs valeurs. Mais je ne veux plus le
faire sous l’appellation de « blogueuse » ou « influenceure ».
C’est pourquoi j’ai décidé de fermer cette page et j’en profite pour vous dire
un énorme merci tout girly!
Cher blogue, je veux te dire merci
Merci de m’avoir fait la démonstration que
mon côté girly-fifille pouvait très bien cohabiter avec mon esprit rationnel et
scientifique.
Merci de m’avoir donné confiance en mon
sens de l’esthétisme et de m’avoir fait comprendre que la mode pouvait être
interprétée de différentes façons.
Merci de m’avoir fait expérimenter et
connaître les bases du marketing. Je m’en sers tous les jours dans ma vie de
non-blogueuse pour promouvoir mon entreprise.
Merci de m’avoir conscientisé à
consommer la mode différemment et à valoriser le travail des gens d’ici.
Merci d’avoir mis de la légèreté dans
un période où j’ai bûché ma vie pour finir des études qui me semblaient interminables
#PhD #12ansduniversitécestlong
Surtout, surtout… merci de m’avoir fait
connaître des gens extraordinaires qui sont devenus de véritables amis. Je
pense tout d’abord à mes deux fidèles collaboratrices Mel et Marie-Ève. Marie-Ève,
ma graphiste, a certainement contribué à ce que je sorte de ma coquille et que
j’ose publiciser mon blogue qui était réservé à mes proches à ses débuts.
Marie-Ève m’a conçu mon logo et a veillé à l’image du blogue au cours des
dernières années. Elle a fait un travail sublime et je lui serai toujours
reconnaissante de son grand professionnalisme. Mel s’est joint à l’équipe pour
rédiger des articles sur des idées de sortie girly il y a quelques années. Sa
plume m’a complètement accrochée tout comme sa personnalité et sa vision des
choses qui cadraient très bien avec les valeurs du blogue (authenticité,
humour, transparence, humilité). Je lui suis énormément reconnaissante d’avoir
partagé son temps entre son propre blogue et le mien. Je tiens également à
remercier toutes les entreprises ou agences de communication qui m’ont offert
de collaborer avec eux. J’ai été touchée chaque fois que j’ai reçu une
invitation. Un merci et clin d’œil tout spécial à deux collaborations qui ont
rempli mon cœur de bonheur dans les dernières années : Salon Coiffure Kief
St-Amable et La vie sportive. Ce fut un charme de collaborer avec des gens
comme vous. Merci.
Bon, je sais que ça s’étire mais il ne
m’en reste pas long! Je veux remercier toutes les personnes qui m’ont soutenue
de près ou de loin par des likes, des commentaires, des reposts, des messages.
Merci du fond du cœur pour votre appui. Vous m’avez fait un bien énorme.
Les
cheers de café virtuels avec vous les samedi matins vont me manquer!
M.A. la girly girl